les posts d'Iban

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post du 15 janvier 2017 - petite recette de cuisine

Je ne sais pas si vous avez remarqué : c’est fou ce que l’humanité bouffe. Vous allez me dire que c’est le genre de remarque qui n’a aucun sens. Les animaux mangent aussi et cette activité semble même être au centre de leurs préoccupations. C’est leur faire beaucoup d’honneur. Vous pensez vraiment qu’une vache, un lama ou un pangolin ont vraiment des préoccupations. Des besoins physiologiques, probablement, mais de réflexion point. Comme vous tous, j’ai un peu délaissé la lecture pour m’abrutir devant des écrans. Et c’est fou, mais depuis quelques années, la moitié des programmes sont consacrés à l’alimentation. Une partie des émissions sont culpabilisantes : le gaspillage alimentaire, les OGM, la mal bouffe. Et l’autre moitié veut nous inciter à manger. Puisque je m’abrutis devant des écrans, vous me permettrez d’être un abruti. Je n’aime pas que ma télé me donne mauvaise conscience. Donc, je privilégie toutes ces émissions qui nécessairement vous donnent envie de plonger dans le congélateur pour voir s’il n’y aurait pas un bac de glace qui traînerait. Au moins la moitié de ces émissions sont consacrées à des concours de cuisine. C’est la tendance du moment. Tout est devenu prétexte à concours : chanter, danser, faire du shopping, faire du crochet, réaménager sa maison, tenir un hôtel…je dois sans doute en oublier beaucoup. Les concours de cuisine me donnent le bourdon. Systématiquement, au milieu des reportages qui montrent ces marmitons s’épuiser autour de leurs marmites (normal, non), vous avez de courtes pauses où ils partagent leurs impressions. C’est terrible mais dans ces cuisiniers, il y a peu de prix Nobels (il est vrai qu'il n'existe pas de nobel de cuisine). En fait, une bonne partie semble très clairement atteint du syndrome crocodile (ne me dites pas que vous ne savez pas ce que c’est. Regardez ce qu’il y a juste au-dessus des sourcils du crocodile et vous en aurez une bonne idée). Mais à la fin, il présente toujours des plats d’une incroyable intelligence et d’une grande finesse. Bon, je pense avoir un cerveau qui fonctionne encore assez bien, j’ai deux mains, une gauche et une droite, un palais en état de marche. Tout ce qu’il faut donc. Et quand je vois ce qui sort de ma cuisine, j’ai un peu honte. Je me rassure en me disant que peut être que les plats qu’on présente sont totalement immangeables. Le jury est sans doute payé pour prendre un air ravi au moment où il goûte. Si ça tombe, un médecin leur anesthésie la langue juste avant le tournage. Allez savoir. Ceci expliquerait peut-être la peu élégante habitude de Cyril Lignac qui débuste les 46 gâteaux qu’on lui présente en gardant la bouche ouverte tout en émettant de petits bruits de déglutition pas très ragoutants. Ce n’est pas de ces concours dont je voulais vous parler. La dernière frange des émissions de cuisine semble concerner Monsieur et Madame tout le monde. Pas de grand chef à l’horizon. Souvent de simples amateurs plus ou moins inspirés qui vous montrent des recettes que vous pourriez faire au quotidien (du moins, les recettes sont présentées comme telles puisque une des dernières sur laquelle je suis tombé portait sur les accords homard-caviar….et franchement, ces deux ingrédients ne font pas partie de mon alimentation de base). Parmi toutes ces émissions, il y en a une qui me fascine plus particulièrement. Ne me demander pas son nom. Je n’ai pas envie de me retrouver avec un procès sur les bras. Dans celle-ci, un couple au milieu de la cinquantaine vous concocte, depuis sa propre cuisine une recette qui serait accessible à un cuisinier amputé des deux bras. Tout y est pour vous faire rentrer dans leur intimité, même le chien. Parfois, ce sympathique couple sort de la cuisine pour vous apprendre la manière de cuire des saucisses au barbecue….Mais, je pense être tombé sur une émission faite par eux qui confinait au surréalisme….et en plus, ils ne sont même pas belges : la recette de l’œuf brouillé. Monsieur, qui en règle générale est pourtant assez passif, tentait d’expliquer le plus sérieusement du monde à madame comment préparer des œufs brouillés. Premier conseil : il faut faire chauffer la poêle. Ce conseil doit vous paraître évident et pourtant, ce n’était pas aussi clair d’emblée. Deuxième conseil : il faut casser les œufs sans mettre la coquille avec l’œuf. Judicieux conseil. Et moi qui croyait qu’on cassait le tout dans la poêle directement. Troisième conseil : il faut mélanger les œufs pendant la cuisson. Madame cru bon de dire : « c’est un bon conseil, je pensais qu’il fallait les mélanger quand ils étaient prêts ». Quatrième conseil : retirer du feu quand c’est cuit. Franchement, heureusement qu’il nous le dit. Cinquième et dernier conseil : manger quand c’est prêt. Vous me direz que ça va de soi mais je suis persuadé qu’un certain nombre d’entre vous aurait voulu manger l’œuf, avec sa coquille, avant de débuter…et alors franchement, vous auriez brouillé quoi ? Ce genre d’émission me rassure. Au fond, face au vide abyssal de ce genre de programme, je me sens plus intelligent. C’est plutôt bon pour mon égo. Comme de regarder la présentatrice du télé-achat. Mais en y réfléchissant un peu, n’est-ce pas plutôt inquiétant en ce qui concerne l’état de décadence de notre civilisation ? Voilà le débat posé. Nous sommes dimanche. Le jour du Seigneur, des débats politiques à la télé et des repas en famille. Vous m’autoriserez donc, pour une fois, d’être chiant.



18/01/2017
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