post du 9 janvier 2017 - déjà qu'il n'y a rien à la télévision
Il y a un truc qui m’interpelle depuis quelques années à la télévision. Le glissement progressif des séries vers les franges (et je ne parle pas de l’émission insupportable animée par cette argentine au nom imprononçable qui s’amuse à appeler tout le monde « mon chéri »). Par franges, j’entends les limites. Directement, vous pensez évidemment aux séries américaines qui ont toutes tendance à vouloir tomber dans la surenchère d’horreurs et d’hémoglobine. Il est vrai qu’aujourd’hui plus personne ne s’offusque de voir un cadavre en putréfaction découpé à la tronçonneuse sur une table d’autopsie dans une série policière (alors qu’étrangement tout le monde détourne le regard dès qu’une victime ensanglantée apparaît au JT). Eh bien, en ce qui me concerne, je ne pensais pas du tout à ça. La multiplication des scenarii de plus en plus violents ne s’inscrit pas dans un comportement aux marges de notre humanité… Nous l’avons toujours fait. Nos ancêtres les romains (enfin les ancêtres d’un certain nombre d’entre nous), n’allaient-il pas au cirque pour y voir de pauvre type se faire boulotter par des lions… et l’amphithéâtre, c’est quand même l’ancêtre de la télévision. Non, je pensais plutôt aux séries françaises. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais soit elles se déroulent dans des lieux de plus en plus excentrés dans l’hexagone, soit elles concernent des professions de moins en moins sexy. Avant, les séries policières françaises se déroulaient toujours à Paris ou, éventuellement, pour les plus exotiques, à Marseille. A croire qu’il n’y avait des flics que dans ce genre de villes (ou alors qu’ailleurs, il ne se passait rien d’intéressant). Aujourd’hui, tout a changé. Les flics sont à Lyon, à Bordeaux, à La Rochelle et même à Strasbourg. Viendra un jour où une série s’intéressera à la brigade de Trouville. Je dois bien vous avouer qu’avant d’écrire ce post, je n’avais pas la moindre idée d’où se trouvait Trouville. C’est dans le Calvados…et c’est moins un trou perdu qu’il n’y paraît…du moins en été. Il y a quand même un très grand camping et 14 hôtels…tout ça dans un bled de moins de 5000 habitants qui, il y a un siècle était deux fois plus gros. Il parait qu’Alexandre Dumas cherchant un coin perdu pour ses vacances s’y est arrêté 6 semaines. C’est à peu près la seule gloire du lieu. Avouez que ce n’est pas grand-chose. Bref, pour en revenir à mon propos, à quand une série qui se déroulerait à Trouville en dehors de la saison touristique ? Et en allant plus loin, je ne sais si vous avez remarqué le fait que les séries s’intéressent à des professions de plus en plus banales. Avant, seuls les policiers, les juges, les avocats et les médecins légistes étaient au centre de l’écran. On a connu un glissement vers les médecins de campagne, les instituteurs, les brocanteurs, les facteurs, les œnologues et même les anges gardiens en format de poche (et vous savez, si vous me lisez que j’ai dans la vie deux phobies et demi : les chevaux et les nains…et les poneys évidemment puisque ce sont des chevaux nains). A quand une série sur un balayeur de rue. Puisqu’il faut bien gagner sa croute, je vais prochainement me mettre à l’écriture d’une série qui regroupera tous les effets de mode. Cette série aura pour héros le balayeur de Trouville. Evidemment, pour rendre la série admissible, le terme « responsable de la propreté » sera préféré. Ce respectable fonctionnaire, dont le prénom reste à trouver (mais il devra nécessairement être extrêmement saugrenu pour s’inscrire dans l’air du temps) connaîtra des aventures trépidantes. Il devra démanteler le gang du dépôt clandestin, traquer le colleur de chewing-gum de la salle du conseil municipal, aider l’instituteur du village dans l’arrestation de celui qui urine régulièrement contre la porte de l’unique classe du village. Si vous avez des idées, envoyez-les moi et nous écrirons ensembles les pages glorieuses de cette série qui ne peut qu’être vouée au succès.