les posts d'Iban

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post du 5 janvier 2017 - de l'art de faire du neuf avec du vieux...sans se faire de lard

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis surpris par cette nouvelle tendance qui consiste à faire du neuf avec du vieux (d’un autre côté, comme je commence à vieillir, je trouve ça plutôt rassurant). C’est fou, mais il y a encore 10 ans, dès qu’un objet était usé, c’était directement à la poubelle. Et usé ne voulait évidemment pas dire hors d’usage. En fait, dès qu’un objet avait usé la dose de plaisir qu’il est sensé procurer, directement, il partait au bac à ordures. Cette époque super consumériste semble révolue. Maintenant, on revend, on répare, on recycle. L’heure est à la seconde vie. C’est dingue mais même moi, je m’y suis mis. Récemment, je me promenais à Gand quand j’aperçois devant un garage quatre tables basses avec un écriteau « à donner » (en français en plus). Evidemment, dans un magasin, je n’aurais acheté aucune des tables. Là, bizarrement, une de celles qui attendaient preneurs me semblait avoir un certain charme. Me croirez-vous ou non, le temps d’aller chercher ma voiture, toutes les tables avaient disparu. Après avoir pris conscience de cette évolution, je me suis demandé si on pouvait faire la même chose avec les fêtes de fin d’année. Bon, vous allez me dire qu’il est difficile de mettre des fêtes de fin d’année devant un garage, à Gand ou ailleurs, avec un écriteau les offrant à qui veut. Faites un peu preuve d’imagination que diable ! Ici, je parle de l’idée de donner un nouveau souffle à cette période surannée. Je résume pour mes amis d’orient pour lesquels les fêtes de fin d’année paraissent nécessairement neuves et exotiques. Je vais vous surprendre, mais le 25 décembre n’est pas réellement la date de naissance du Dieu des chrétiens. Ce n’est qu’au sixième siècle qu’on a soudain décidé que Noël se situerait à cette date. Avant, la date fluctuait entre le 28 mars et le 2 avril. Pour le jour de l’an, c’est encore plus récent. C’est un Roi de France, Charles IX qui a décidé au 16ème siècle que l’année débuterait le 1er janvier. Avant, l’année débutait plus généralement le 25 mars. Même si sous ce jour, les fêtes de fin d’année semblent assez neuves, ça fait quand même pratiquement 500 ans qu’elles coïncident pratiquement. Et 500 ans, c’est long. Et depuis 500 ans, fin de l’année, c’est toujours le même rituel. Le mois de décembre consiste à organiser ces fêtes en lançant des invitations ou en attendant d’en recevoir, en pensant aux cadeaux qu’on va offrir ou à ceux qu’on va recevoir. Traditionnellement, le 24 décembre au soir, on retrouve la famille. Il n’y a pas pire. Pendant un an, on s’évertue à se voir le moins possible. On se téléphone peu. Et là, sous prétexte que c’est une fête chrétienne, alors que plus personne ne va à l’église, on se croit obligé de se voir. Généralement, l’alcool coulant à flot, après 23 heures, les vieilles rancœurs ressurgissent et les conversations virent à l’aigre. Il paraît que les services des urgences sont débordés ce soir-là. Mais l’essentiel des admissions n’est pas dû aux maladresses des déboucheurs de champagne (allez prendre un bouchon dans l’œil et vous m’en reparlerez) ou à celles des ouvreurs d’huitres, mais aux cocards familiaux. Pour ceux qui n’ont pas fini à l’hôpital, un miracle se produit à minuit. La guerre intrafamiliale s’arrête, tout le monde offre des cadeaux et s’embrasse. Moi personnellement, ça me donne la nausée et depuis quelques années, je fête Noël seul ou avec ma compagne. Le gros défaut de cette fête, c’est qu’elle est directement suivie d’une autre. Le 25 décembre, c’est quand même la fête de la grosse bouffe (d’ailleurs, ma compagne m’avait sorti, assez sérieusement, le 24 décembre « ce soir, je me suicide à la nourriture »). Et le jour de l’an, c’est quand même aussi la fête de la grosse bouffe. Connaître des excès à répétition à une semaine d’intervalle, ce n’est bon pour personne. Pour ceux qui reçoivent, c’est pire. Le 26, le 27, le 28…on mange les restes de plats trop lourds et le 2, le 3, le 4…on remet ça. Dix jours de monstrueuses quantités de nourriture ingérées. Je me suis donc demandé comment faire autrement. Comme je n’avais pas une folle envie de me fatiguer, j’ai cherché au cours des 500 dernières années s’il n’y aurait pas eu des périodes où ces fêtes se seraient déroulées autrement. J’ai un peu cherché dans la grande histoire. Je n’ai pas trouvé grand-chose (à part la naissance du Parti Communiste Français 1920- +1986). Il y a bien l’invention du degré Celsius, en 1741, mais ça ne donne pas beaucoup d’idées (juste un indice sur ce pauvre Celsius. Manifestement, ce vieux physicien ne devait pas avoir beaucoup de famille à haïr puisqu’il s’est trouvé suffisamment seul ce jour-là pour inventer une nouvelle mesure). J’ai quitté la grande pour me plonger dans la petite histoire. Une partie de ma famille est originaire de Bastogne. Cours très accéléré d’histoire. En 1944, les allemands qui étaient les derniers à avoir compris qu’ils n’avaient plus aucune chance de gagner, ont lancé une offensive sur la Belgique. Bastogne se trouve au centre de cette offensive. Je suis certain que ma famille bastognarde en 1944 a vécu des fêtes de fin d’année bien différentes. Je pense qu’elles devaient être plus crépitantes. Le problème, c’est qu’en pleine bataille, pas question d’aller à l’hôpital pour se faire recoudre après une ouverture maladroite d’huitres (mais heureusement, je doute qu’elles arrivaient jusque-là). Bon, vous allez me dire que vouloir une bonne guerre pour mettre du peps à la fin décembre est un peu radical. Ce n’est pas totalement faux. En plus, à moins de s’appeler Kim jun, difficile d’organiser ce genre de réjouissance (et de toute façon, si vous vous appelez Kim Jun, vous ne fêtez pas noël). Bref, je crois avoir trouvé une meilleure solution pour améliorer cette difficile période : revenir en arrière. Dorénavant, je fêterai mes fêtes comme il y a 1500 ans. Pour noël, je choisirai une date aléatoire, entre le 28 mars et le 2 avril, de préférence un jour de semaine et surtout pas un vendredi. Je suis certain qu’en recevant un carton d’invitation annonçant un repas de noël à cette date, aucun membre de ma famille ne se déplacera. Pour le jour de l’an, j’en reviendrai aussi au calendrier de l’époque. Le jour de l’an aura lieu le 25 mars. Comme je suis bon prince, j’inviterai aussi mes amis pour noël. Il me paraît évident qu’en recevant un carton les invitant pour un jour de l’an situé avant noël, qui plus est au début du printemps, très peu feront le déplacement. Et ceux qui le feront, seront nécessairement des gens ouverts, intelligents. Bref, ceux que j’ai envie de voir. A bien y réfléchir, cette mode consistant à faire du neuf avec du vieux n’est pas si stupide. La preuve, ça marche même avec les fêtes.



11/01/2017
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