les posts d'Iban

Un certain nombre d’entre vous, au printemps me faisait l’honneur et le plaisir de lire mes petites divagations, que j’appelle des posts. D’ailleurs, j’ai subi de nombreuses menaces quand je me suis arrêté de vous en gratifier. Ayant survécu toutefois à cette période compliquée, j’aurais pu, bien légitimement, me dire qu’on ne m’y reprendrait plus. Mais l’envie en ce début d’année est trop forte. Il me faut donc vous gratifier de nouveaux posts. J’imagine que certains seront profonds, certains moins, certains seront incompris, certains totalement débiles. J’aimerais surtout qu’ils soient drôles.
Vous vous souvenez, pour les plus assidus, que j’avais testé pour vous pas mal de choses : les majlis, les douches au qatar, les tigres dans le désert, la vie à l’horizontale….
J’avais donc envie de vous gratifier d’un post sur un test que j’ai réalisé en Europe.
Blablacar. Vous connaissez ? Probablement pas. La plupart de ceux qui me lisent ont mon âge…et à mon âge, l’idée même de faire du stop peut paraître ridicule. Et bien, je n’ai qu’un petit bout de phrase qui me vient : bande de vieux. Franchement, vous êtes des vieillards. Et puis, Blablacar, ce n’est pas tout à fait comme se mettre au bord d’une route le doigt levé (de préférence le pouce. Vous pouvez essayer avec un autre doigt mais vous serez probablement écrasé assez vite. Seul le Baron Empain est autorisé à faire preuve d’originalité) en attendant qu’un automobiliste vous trouve suffisamment à son goût pour vous prendre. Franchement, à bien y réfléchir, l’autostop a beaucoup à voir avec la prostitution. Il faut quand même se montrer le plus séduisant possible au bord d’une route pour finalement arriver à séduire suffisamment pour avoir la chance de finir sur la banquette arrière. Blablacar, c’est autre chose. Un automobiliste propose un trajet et un candidat autostoppeur se met en contact….et paie pour voyager. De vous à moi, je me suis demandé si Blablacar n’était pas au fond une forme de racolage par internet (il paraît que ça se fait de plus en plus pour la prostitution classique). Puisque j’aime vivre dangereusement, j’ai donc testé pour vous cette forme de moyen de transport (et vous serez très déçu, à part kilométrique, je n’ai connu aucun autre transport). Jusqu’il y a peu, j’étais un incivique climatique. Une voiture puissante, qui consomme plein d’énergie fossile, pour faire de courts trajets que je ferais bien à pied en étant la plupart du temps seul. Etant amené à faire quelques longs trajets, je me suis dit que j’amortirais bien le coût en prenant quelques passagers Blablacar. Première différence avec la prostitution, c’est celui qui monte dans mon véhicule qui paie…deuxième constatation, par contre, le profil détermine si le passager vaut ou non la peine d’être pris. Ce deuxième constat renvoie directement avec le commerce du charme. J’ai renouvelé l’expérience quelques fois comme conducteur. Il n’y a jamais rien eu de sexuel (mais ce n’est pas non plus ce que je cherchais). Si la relation n’était donc pas physique, a tout le moins, ne s’agissait-il pas de prostitution mentale ?(je sais, c’est un peu compliqué à comprendre après les fêtes. Mais rassurez-vous, même pour moi ce n’est pas très clair). Après avoir liquidé mon incivique véhicule (enfin, l’incivique c’était plutôt moi mais c’est tellement plus simple de rejeter la faute sur les autres), j’ai testé quelques fois Blablacar comme passager. Et là, le choix est bien différent. Quand on veut aller d’un point à un autre, surtout quand ils sont assez éloignés, on ne fait pas la fine bouche sur la personne du conducteur. Mais ce n’est pas bien différent avec n’importe quel moyen de transport en commun. Je suis certain que quand Marine LePen prend le métro, elle ne s’interroge pas quand à la question de savoir si le conducteur est arabe (je sais, certains d’entre vous doute qu’elle prenne le métro. Je ne vois pas pourquoi elle ne prendrait pas le Métro pour aller à Mers-El-Kebir ou à Barbes). J’ai à ce jour voyagé quatre fois avec ce moyen alternatif. Et, le croirez-vous ou pas, j’ai pratiquement toujours fait de sympathiques rencontres. Les inventeurs de ce service ont eu une idée de génie en le nommant. Sous prétexte qu’il y a blabla dans le nom, tout le monde se croit obligé de parler. Et, la plupart du temps, c’est plutôt enrichissant. Evidemment, il faut un peu d’ouverture d’esprit. J’ai voyagé avec un italien retraité de l’Union Européenne, un marocain qui partait fêter noël en famille, une sage-femme un peu fofolle et, enfin, un couple de camerounais qui écoutait Akon en boucle et avaient décidé que voyager par les départementales avait plus de charme que de prendre l’autoroute. Outre le fait que ce genre de voyage se fait à un prix imbattable (pour vous donner une idée, sur le dernier voyage, j’ai payé la moitié du seul prix des péages), qu’il est quand même moins fatigant d’être passager que conducteur, il permet des rencontres. Et enfin, il existe un côté bien sympathique à ce genre de voyage. L’obligation de donner son avis et le fait que le passager ou le conducteur en donne un également. L’avis de l’autre partie ne se révélant qu’après qu’on ait donné son propre avis, je pense que peu sont enclin à faire part d’une mauvaise impression. Il n’en reste pas moins que j’aime à me montrer naif en imaginant que ceux qui ont donné leur avis me concernant étaient tous objectifs et que je suis un type super. Franchement, ça fait du bien.
Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes, au fond, pourquoi ne tenteriez-vous pas l’expérience ?