post du 10 janvier 2017 - on est toujours trahi par les chiens
On est toujours trahi par les siens.
Vous allez me dire que ce n’est quand même pas très gentil. Ni très optimiste. Ce n’est pas non plus très malin, soit dit en passant. On est rarement trahi par quelqu’un qu’on ne connaît pas et qui ne vous est pas attaché d’une façon ou d’une autre. Sinon, ça s’appelle autrement que de la trahison. Cette petite réflexion m’est venue après que ma compagne m’ait fait part de ses impressions concernant le post que j’avais écrit sur l’empreinte que je pourrais laisser. Je vous livre ses propos sans les déformer « 25 lignes pour dire qu’au fond ça n’a aucune importance de laisser ou non son empreinte, c’est quand même abuser. ». Je rétorquais que l’idée n’était pas d’en arriver à une conclusion aussi hâtive, que j’avais envie de susciter la réflexion et, éventuellement, de faire rire. Ce à quoi elle me répondit « si tu voulais faire rire, il faudra que tu m’expliques. Moi, je me suis demandée si tu ne commençais pas une grosse dépression ». J’avoue que j’en ai été un peu vexé. Mon premier réflexe aurait pu être de l’excuser en me rattachant à l’idée que décidément les femmes et les hommes n’ont pas le même humour. Mais c’est quand même le genre de réflexion très misogyne qui pourrait facilement vous amener devant un tribunal. C’est vrai quoi. A une époque, on pouvait faire des blagues sur les femmes, les juifs, les arabes, les belges et même les pangolins sans que personne ne trouve rien à redire. Aujourd’hui, il faut être politiquement correct (même si les blagues sur les juifs et les arabes me font quand même rarement rire). J’en reviens à mon propos. Écartant le postulat de l’humour asymétrique, je me suis dit que les hommes et les femmes n’avaient peut-être pas la même approche concernant la trace qu’ils laisseraient à la postérité. Si nous parvenons aisément à nous moquer du peu de souvenirs que nous laisserons, il semblerait que la gent féminine n’ait pas la même légèreté. Vous me direz que mes propos n’ont aucun sens. Qu’il suffit d’ouvrir le dictionnaire pour se rendre compte que 90 pourcents des personnes qui y figurent sont des hommes. Je ne vais quand même pas vous faire le couplet selon lequel, jusqu’il y a très récemment, les femmes n’avaient quand même pas grand-chose à dire. Cette chanson, vous avez dû l’entendre des milliers de fois. De toute façon, vous me rétorqueriez que si c’était vrai jusqu’au milieu du vingtième siècle, depuis une cinquantaine d’années, les choses ont bien changé et que pourtant, le nombre de femmes dans le dictionnaire n’augmente pas tellement. J’avoue que n’ayant pas fait de statistiques, je serais bien en peine de vous contredire. Mais la vérité venait peut-être finalement des commentaires que certains avaient laissés au bas de mon post. Un des commentaires émanait d’une représentante du beau sexe (c’est dingue comme expression, je sais…un jour je vous ferai un post sur le dimorphisme entre les sexes dans le règne animal et, pour vous mettre l’eau à la bouche, je vous parlerai des testicules des chimpanzés). J’en reviens à mes propos. La réflexion de ma lectrice que je vous résume était : « il y a bien d’autres moyens de laisser son empreinte que de réaliser de grandes choses. La plus belle empreinte laissée, l’est à travers l’éducation qu’on donne à ses enfants ». Au fond, c’est quand même une remarque très utérine (si j’ose me permettre). Mais au fond, c’est loin d’être inepte. Je ne sais si certains d’entre vous ont lu le « gène égoïste » de Dawkins (excellent ouvrage, plusieurs fois remis à jour et, même si vous n’êtes pas biologiste, plutôt facile à lire). Dans cet intéressant ouvrage, ce bon Richard Dawkins (à ne pas confondre avec le physicien Hawkins…je vous recommande « l’univers dans une coquille de noix ») explique assez longuement l’évolution en partant de l’idée qu’en fait, la seule chose qui compte se sont les gènes et la stratégie qu’ils ont mis en place pour survivre. En réfléchissant à cet ouvrage, m’est finalement venue une révélation. Fondamentalement, c’est vrai : la seule empreinte que nous laissons (ou plutôt que nos gènes laissent), c’est celle qui s’inscrit dans nos descendants… Il n’en reste pas moins que si on est pas toujours trahi par les siens, on l’est parfois par les siennes.