les posts d'Iban

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9 mai - les bricks de l'égo

Un de mes lecteurs m’a fait remarqué que je parlais souvent de moi dans mes posts. Au fond, c’est bien possible. Je ne l’avais pas directement remarqué. Ce qui est étrange, c’est qu’après avoir lu mon dernier roman, mon amoureuse m’a fait la même réflexion. Son analyse était plus inquiétante. Un coup j’étais un personnage qui a une tendance maladive à se prendre pour un dieu et à tuer son prochain, un coup j’étais un personnage limite satanique qui a probablement tué son frère. Avouez que ça la fout mal. Toutes ces petites contributions m’ont amené à vouloir faire un post sur l’égo. Mais surtout un post où il ne serait pas question de moi. Son titre : l’égo, une petite histoire de brick. Passez les bonnes intentions, je me rends compte qu’il m’est impossible, du moins dans une histoire courte, de parler d’autre chose que de mes propres expériences. Probablement que j’essaierai, un jour incertain, de recycler un début de roman avorté pour vous en faire un post qui ne parlera pas de ma propre personne. J’avais envie de vous parler de moi, de l’Egypte, et de moi (après ça, vous allez vraiment penser que je suis un égocentrique maladif). Vous ai-je dit que je mène pour le moment un projet en Haute-Egypte ? Probablement pas. Un chouette projet, en passe de devenir un super projet, qui consiste à reconstruire plusieurs villages misérables pour en faire un pôle de développement de toute une région. Et, franchement, ce genre de challenge, ça vous gonfle votre égo et ça vous donne envie d’avoir un but dans l’existence. Mais bon, je ne vais pas vous raconter ce que je fais. J’aurais l’air de vouloir clairement attirer l’intérêt sur moi et là, sur ce coup là, je le fais avec beaucoup de modestie. Passons donc le projet dont je ne vous dirai rien d’autre. Par contre, en Egypte, je loge à Louxor. Avouez qu’il y a pire. L’avantage, c’est qu’au milieu du travail, il est toujours possible de se ménager un jour pour aller faire le tour des temples. Je vous livre un secret mais ne le répétez pas. Tous les humanitaires, au milieu de leurs missions, se libèrent toujours une ou deux journées où ils jouent les touristes lambda. Mais par contre, aucun ne s’en vante. La dernière fois, j’y étais en janvier. La prochaine fois, j’y serai fin mai. Un coup, je suis mort de froid, un coup je mourrai de chaud. Sans doute un certain nombre d’entre vous connaissent l’Egypte. Vous avez de la chance. Par contre, peu d’entre vous ont dû y aller récemment. Pour cause, l’Egypte, du moins la région de Haute-Egypte, est devenue plutôt peu sûre. En réalité, il semblerait qu’une bande d’excités adorent l’idée d’aller tuer quelques touristes sur des sites connus. L’armée veille au grain, mais quand même. L’Egypte est maintenant truffée de check points avec chicanes, herses, miradors et autres véhicules type chars à roues. Autant dire, les touristes ne sont pas légions et ça se sent. A Louxor, il reste en tout et pour tout deux hôtels ouverts. Ce sont heureusement les plus grands. Les prix dans ses hôtels sont ceux d’un minable bouiboui. Pour vous donner une idée, en janvier, je payais 50 $ par nuit dans une chambre grand luxe avec vue sur le Nil (petit déjeuner compris). Mon hôtel, qui compte 400 chambres, accueillait deux Européens et 25 chinois. Nous avions tous été logés au 4ème étage et tous côté Nil. De ma chambre, je pouvais admirer le fleuve et surtout voir les bateaux échoués tels des cachalots morts (bon d’accord, l’image est nulle, il n’y a pas de cachalot en eau douce, j’avoue). A une époque, le Nil était parcouru par une armada de bateaux hôtels très luxueux accueillant chacun plusieurs centaines de touristes. Aujourd’hui, ils sont tous à quai. Ils gisent échoués sur les bancs de sable des bords du Nil. A bord un fellah oublié brique le pont des bricks. J’avoue que ça m’interpelle. J’imagine ce pauvre type coincé sur ces grands bateaux qui rouillent entrain d’entretenir le paquebot pour des touristes qui ne viendront peut être jamais. Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait penser à l’hôtel Humbold au dessus de Caracas. J’imagine que ça ne vous dit rien. L’hôtel Humbold est un palace désaffecté au dessus de Caracas accessible par un téléphérique. Pour une raison mystérieuse, quelques personnes nettoient, entretiennent l’argenterie d’un lieu désert depuis 20 ans. Shinning sous les tropiques. Les bateaux sur le Nil c’est un peu la même chose si ce n’est que puisqu’ils sont à quai, les fellahs n’y vivent pas. Et bien, vous ne me croirez pas, sur un des bateaux, il y avait une touriste. Une anglaise. Comment avait-elle été admise sur un bateau vide et penché ? Je n’en ai pas la moindre idée. J’imagine cette âme perdue parcourant les coursives à peine éclairées, allant seule dans une salle de restaurant vide pour prendre un petit déjeuner dans un buffet préparé exprès pour elle. Mais mon esprit s’égare. Sans doute la nostalgie d’un trop long séjour loin de chez moi…quelle sera l’étape suivante ? Comme David Vincent, je les verrai ? Qui ça donc ? Mais ceux qui briquent les bricks.



09/05/2016
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