les posts d'Iban

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5 mai - une histoire de cris

un cri qui rend fou.
Parfois, la vie vous prend à la gorge sans que vous ayez pu comprendre. Vous savez tous, l’hémisphère nord dans son ensemble, le globe entier, la galaxie aussi, que je suis bloqué à Doha depuis 70 jours (et si vous ne le savez pas, franchement, c’est que vous sortez d’une longue phase de coma). Je pensais boucler ma valise dimanche…et bien c’est fait. Mais pour rejoindre un hôtel pour quelques jours. Mon Sheikh quitte le Qatar. Il m’avait proposé de rester chez lui mais une sombre histoire de clef qui grippe le fait s’inquiéter…et si un quelconque service de sécurité était venu dans sa maison pour voir qui j’étais. Parfois mon Sheikh me surprend. Il y a dans sa demeure quatre portes. Sur les 4, deux ne sont jamais fermées. Et les services de sécurité se seraient amusés à forcer la porte à rue pour rentrer alors qu’en contournant la maison il suffit de pousser une porte entre ouverte ? Je sais que les flics parfois sont cons, mais à ce point…et en plus pour venir espionner un petit belge. N’importe quoi. Mais soit, pour le rassurer, je rejoins un hôtel pour quatre nuits. Au moins je pourrai retrouver un rythme de vie à moitié normal quelques jours avant de partir avec le premier vol de vendredi matin. Vous allez me dire : c’est quoi le sujet du post ? D’abord, on ne dit pas c’est quoi, mais qu’est-ce que c’est ! Je vois que vous avez très clairement séché vos cours de français. Le sujet de ce post est : les eskimos. Je vous sens surpris. Vous vous dites déjà : ce type vit dans un pays où il fait un bon 45 degrés et il veut nous parler des esquimaux. Je me demande si le soleil n’aurait pas trop tapé sur son crâne. Et bien, si le soleil tape, et même très fort, ça ne m’a pas encore rendu fada. Mais la chaleur étouffante qui me fait aspirer à m’allonger sur une banquise, la climatisions déréglée, la clef qui grippe…tous ces petits détails me rappelaient une sombre histoire que m’a racontée un jour un ethnologue. Je connais deux ethnologues. Et entre nous, ils sont tous les deux très atteints. Comme si pour être ethnologue, il fallait être plutôt borderline. Le premier est un péruvien qui est parti deux ans au Belize pour étudier la population (pour ceux qui ne le sauraient pas, le Belize est un petit pays d’Amérique Centrale coincé entre le Mexique et le Guatemala). Quand je l’ai rencontré, il venait de passer deux ans sur le terrain. Ses conclusions étaient assez courtes : les gens du Belize sont cons…
Le second ethnologue que je connais est du même genre. Il passe en moyenne huit ou neufs mois par an chez les esquimaux et ces conclusions sont assez percutantes : les esquimaux sont cons. Soit les ethnologues sont un peu frontaux soit les peuples lointains ne sont pas des lumières. J’ai tenté de le savoir en interrogeant mon second ethnologue. D’abord, il ne va pas chez les esquimaux mais chez les cris…pardons. Pour ceux qui ne le saurais pas, et j’en faisais partie avant qu’il m’explique, les cris sont un peuple esquimau du Canada. Ces gens vivent dans un endroit où il faut franchement être totalement débile pour aller y passer ses vacances. L’hiver y est un peu long. En gros, il dure de septembre à juin. Les cris vivent dans un endroit traversé par une rivière. La rivière est couverte d’une pellicule de 3 ou quatre mètres de glace en été et n’est visible que du 15 juillet au 15 septembre. Avouez que ça ne fait pas envie. Et bien, je vais vous surprendre, mais il y a quand même des gens qui y tombent et se noient. Je vais vous expliquer. Les cris s’ennuient. Ils s’ennuient à mourir. Evidemment, je voudrais vous y voir vous à passer dix mois par an coincé dans une maison au milieu d’un endroit gelé. Les autorités ont été assez nulles avec eux. Elles leurs donnent des allocations pour vivre, ils ont des maisons équipées de la télé et d’internet et surtout l’alcool ne coute rien. Alors, pour tuer le temps, les cris picolent. Le problème, ils ne tiennent pas l’alcool. Donc, après ils se battent. Avec tout ça, il n’y en a plus un seul qui aurait envie d’aller faire un trou dans les trois mètres de glace pour attraper un poisson…Il faut dire qu’il suffit d’aller chercher un fishburger dans le mac do qui s’est installé au milieu de leur village. Et la rivière me direz-vous ? Et bien, les cris bourrés comme des coins ont leurs petits neurones qui ne s’entrechoquent plus trop. Et en été, ils ont tous oublié qu’il y a une rivière derrière chez eux. Comme en été, ils s’ennuient aussi, et qu’ils continuent à picoler…mais dehors, il y en a au moins un chaque année qui tombe dans cette rivière et se noie. Avouez que ce n’est pas de bol de tomber dans une rivière qui n’est accessible que deux mois par an. Après que mon ethnologue m’ait raconté tout ça, je en suis arrivé à valider son étude : oui, les cris sont cons. Il va falloir que je m’intéresse maintenant aux habitants du Belize. Tout bien réfléchi, il se pourrait aussi qu’ils le soient. Maintenant, je me demande : existe-t-il au Belize ou au nord du Canada des ethnologues dont le seul désir serait de venir en Europe pour nous étudier ?



05/05/2016
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