3 mai - le vert
Le plus dur quand on écrit un post, n’est pas le moment où les mots défilent…non, le plus difficile est de trouver un sujet. C’est d’autant plus compliqué que vous n’êtes quand même pas le public le plus intellectuel. Franchement, très clairement, au vu de vos sujets préférés, ce n’est pas Emmanuel Kant votre auteur favori. Le post le plus lu est celui que j’ai consacré à la lampe à pipi. Vous voyez, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je pensais, l’autre jour au sujet de mon prochain post, quand l’illumination m’est venue. L’illumination à défaut de l’insolation. Vous savez tous, maintenant, que je cohabite avec un Sheikh…vous n’ignorez rien du fait que nous nous partageons un chauffeur. Le problème c’est que quand il l’utilise, je suis à pied. Donc, je prends mon courage à deux mains pour rejoindre une route plus importante où je peux héler un taxi. Le trajet n’est pas très long…du moins sous des latitudes normales. Mais ici, avec 45 degrés, une promenade d’un quart d’heure ressemble assez à une séance de sauna finlandais…mais en costume cravate (les finlandaises en moins). Heureusement, depuis que les températures ont grimpées, il y a toujours une bonne âme qui s’arrête pour me prendre. La dernière fois, c’était un allemand au volant d’une jeep. Généreux le teuton. Dans tous les sens du terme. Un physique de bouffeur de choucroute souffrant d’aérophagie mais un brave type. D’ailleurs, il a chargé juste après moi un indien qui suivait le même trajet. Ce sympathique voisin d’outre-Rhin, a poussé la bonté jusqu’à me conduire jusqu’au mall où j’avais rendez-vous. Et dire que mon grand-père voulait tous les flinguer. Si on l’avait laissé faire, je serais peut être mort de chaud à l’heure qu’il est. Evidemment, en voyant mon germain, difficile de le voir en conducteur de char…en plus, je ne suis même pas certain qu’il aurait pu passer par l’ouverture. Nous avons entamé la conversation. C’est fou, mais dans ce pays, les conversations sur le temps sont encore plus présentes que chez nous. Etrange quand même dans un endroit où la météo se résume à « chaud et ensoleillé ». Il me faisait le catalogue de ce qui lui manquait le plus dans cet endroit, quand soudain, il me dit « moi, ce qui me manque le plus, c’est le vert ». Voilà un bon sujet. N’est-ce pas ? Il est vrai qu’au Qatar, le vert n’est pas la couleur qui domine. En réalité, le pays serait plutôt jaune sale avec une tonne de poussière. Ce pays est envahi par le sable. Pardi, rien d’étonnant puisque c’est un désert. Il n’en reste pas moins que mon fritz est sévère. Les qataris eux aussi aiment le vert. Mais il leur coûte cher. Ils enterrent sous quelques centimètres de terre, des tuyaux qui leurs permettent de faire pousser de la pelouse en plein désert. Dans les conversations que je noue avec mon amoureuse et qui me permettent de ne pas complètement devenir paranoïaques (ou schizophrènes ou n’importe quoi d’autres), j’ai glissé que j’allais faire un post sur le vert. Je vous livre notre conversation brute. Elle : « le vert, c’est quoi ? ». Moi « une couleur ». Elle : « d’accord, mais pourquoi le vert ? ». Moi « pourquoi pas ». Elle : « Aucune objection, c’est toi l’auteur. Mais je déteste le vert, ça donne mauvaise mine. Ca fait sapin de Noël, c’est bobo et vieillot à la fois. » Franchement, c’est le genre de conversation qui vous ouvre les chakras. Au fond, le vert est-il à ce point « has been » ? C’est vrai que quand on a un verre dans le nez, on a mauvaise mine. On est très clairement un peu vert. Sur ce coup là, elle n’avait donc pas tort. Moi, les sapins de Noël me foutent les boules….mais c’est la fête qui m’insupporte, pas le fait que les sapins soient verts. En réalité, je n’en sais rien. Finalement, l’an prochain, je pourrais tenter l’expérience de teindre un sapin en rose bonbon pour voir si la fête serait plus acceptable. Maintenant, le vert est-il bobo ? Je dirai qu’en terme de bobo, le rose sparadrap est plus indiqué. D’ailleurs, avoir une chemise rose est très bobo…mais un loden vert l’est également…et un pantalon en velours à grosse côte aussi. Et puis, qu’est-ce qu’elle a contre les bobos ? Merde quoi, je pense qu’au fond, j’en suis un. Je sais, c’est le genre d’aveu qui ressemble à un coming out. Tout de même, c’est moins grave de l’être que d’attraper la syphilis (mais les deux ne sont pas incompatibles). Reste à voir, si le vert est ringard. La mode n’est pas clairement à cette couleur. Pour le moment, en tout cas. Qui nous dit que dans deux ans, nous ne serons pas tous en vert ? (D’autant plus que nous ne pouvons plus être en noir…si vous n’avez pas tout compris, relisez mon post sur le noir absolu). Au fond, le vert est peut être la couleur tendance dans deux ans. Je pense que mon allemand à tout compris. C’est un véritable visionnaire. Et peut être que son embonpoint qui l’empêche presque de s’asseoir derrière son volant est aussi annonciateur d’une nouvelle mode. Je vais arrêter mon régime directement, me mettre aux légumes verts…et à la choucroute. Auf Wiedersehen.