28 avril - il y a retour et retour
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les veilles de départ, ça me met les chocottes. Dans mon cas, c’est franchement pathologique. Mais il y a départ et départ. Il y a celui qui précède le moment où on part et celui qui précède le moment où on rentre (même s’il vaut bien convenir que quand on rentre, c’est aussi qu’on part). Pour la plupart des gens, c’est celui de la rentrée qui paraît le plus difficile. Il est vrai que quand on bouge une fois par an, le retour à la maison rime avec ouverture des factures qui se sont accumulées pendant un mois, tonte de la pelouse qui elle n’est pas partie en vacances et reprise du travail. Vu comme ça, admettez que ça vous met le bourdon (vous allez me dire que les chômeurs ne connaissent pas cette situation et que donc je généralise. C’est vrai. Mais je connais peu de chômeurs qui passent les deux mois d’été à la Martinique). Par contre, l’euphorie du départ, rend souvent le moment agréable. Pauvres fous que vous êtes. Quel plaisir peut on avoir à préparer dans la précipitation ses bagages, à faire ses dernières courses, à vider son frigo…tout ça pour finir par s’engouffrer dans une voiture surchargée pour s’enfiler 15 heures de bouchons sur les routes du soleil ou pire, de devoir souffrir les trois heures d’attente dans un aéroport avec les enfants qui ne pensent qu’à vous rendre cinglé. Et encore, je ne vous parle pas de votre séjour. Franchement, aller m’agglutiner pendant un mois sur une plage avec pour seule activité le fait de me retourner, telle une crêpe, toutes les quelques heures pour parfaire un bronzage que je perdrai de toute façon en un mois, ne me fait pas envie (à ce propos, je généralise. Coincé un jour sur une île espagnole, j’ai eu le plaisir de découvrir la plus belle colonie allemande au monde. Imaginez une plage d’un kilomètre de long, couverte des corps obèses de teutons, dégoulinant d’huile et rougis par le soleil qui ravageait leur peau de germain et dont la seule activité consistait à se retourner toutes les heures. Dire qu’il y en a qui paye des fortunes pour aller voir des colonies d’éléphants de mer, se les gèlent un mois sur un navire alors qu’il suffit de prendre l’avion vers le sud pour un vol d’une heure). Pour moi, le stress est plutôt celui du départ…mais j’avoue que comme pour le moment je suis tout le temps parti, je ne sais plus très bien où est mon point de départ. En règle générale, je pars pour 8 jours…mais étrangement, comme cette fois, les 8 jours deviennent parfois deux mois. Je suis comme vous. Je fais mes bagages en dernière minute…ou presque (la dernière fois, 20 minutes avant de partir…et c’est là que vous vous rendez compte qu’il vous manque des choses). Evidemment, comme je pars souvent vers les mêmes zones, je remplis toujours ma valise des mêmes trucs. Des trucs qu’à mon avis vous ne prenez pas…ma machine à relier, des dossiers, des ordinateurs, de l’encre pour l’imprimante…Mais finalement, heureusement, il n’y a pas de grandes surprises d’une fois à l’autre. La difficulté vient du fait que je pars et que donc je laisse les miens (et pas seulement, le fait que je vais devoir trouver le moyen de m’occuper dans des aéroports....parce que je ne vous ai pas dit : je ne prends jamais de vols directs. Donc, j’ai des escales parfois longues dans des aéroports où je m’ennuie. Evidemment, avec les miles que j’ai accumulés, je m’ennuie maintenant dans des salons VIP, mais je m’ennuie quand même). Par contre, le retour est plus facile. Je suis généralement léger puisque j’ai consommé mes documents…mais en échange, j’ai souvent gagné quelques corans…c’est fou ce que les gens peuvent m’en offrir. Si quelqu’un en veut un, qu’il me laisse un message et je lui en mettrai un a disposition. Evidemment, on ne jette pas un coran ou une édition de texte en rapport avec l’Islam. C’est le genre de chose qui ne se fait pas. Interdit. Donc, je me les ramène et finalement, ce surpoids compense le poids de ce que je laisse. Mais globalement, comme je reprends tout dans une valise trop grande, faire mes bagages est plutôt rapide. Et contrairement, à vous, retour rime avec retrouvailles et ça c’est un moment heureux. Je sais, voilà un post plus grave que d’habitude. Mais que voulez-vous, quand les poids de la vie vous accablent, que les autres sont désespérément loin, qu’on en arrive à oublier l’odeur de l’autre, l’éclat dans ses yeux, on ne peut être que nostalgique. Encore 11 jours à tirer. C’est long.