27 avril - noir c'est noir
Il m’arrive d’être déprimé. Pas vous ? A travers mes posts, on pourrait vite s’imaginer que je suis toujours drôle et enjoué. Et bien, c’est faux. Je peux être chiant. Et surtout, très déprimé. Et quand je broie du noir, celui d’Amish Kapoor est lumineux comme un matin en Scandinavie au mois de juin.
Il me fallait donc trouver un post en rapport avec mon état d’esprit du moment mais pas forcément un sujet qui vous donne envie de vous tirer une balle (ça vous me le laissez). C’est donc, le noir absolu de ce bon Amish qui m’a inspiré. Le titre de ce poste sera : après avoir accepté que le noir absolu ait été breveté, ne pourrait-on pas breveté le néant absolu ? (je sais, c’est un titre nihiliste).
Revenons sur le point de départ. Le noir absolu. Vous avez sans doute lu comme moi, que Amish Kapoor a breveté le noir absolu. Bon évidemment, vous ne s’avez pas qui est Amish Kapoor, bande d’ignorants. Vous faites quoi sur internet ? Lire juste mes posts et regarder youporn ? Il faut un peu sortir. Amish Kapoor est un plasticien anglais (arrêter avant de penser qu’avec un nom comme ça, il ne peut pas être anglais), d’origine indienne et irakienne (curieux mélange, il faudra un jour demander à Amish comment ses parents se sont rencontrés). Bref, le petit Amish (vous avez noté le jeu de mot), est un artiste très connu. Jusque là, rien d’extraordinaire (pas plus que de vous parler de Picasso ou de Paul Klee). Par contre, ce qui l’est moins, c’est qu’il vient d’acheter le brevet du noir absolu. J’imagine déjà qu’il y en a qui pense que je vous parle d’un super africain, genre robocop d’Abidjan. Et bien, pas du tout.
La couleur noire, vous connaissez évidemment. Vous allez me dire que c’est une couleur d’une banalité désespérante, juste bonne à faire des habits de deuil (je vous ai dit que j’étais déprimé), qui a juste tendance à passer au lavage pour transformer très vite le tailleur noir en un truc pas très ragoutant. Et bien, vous avez tort. Le noir a de nombreuses nuances. Vous pouvez avoir des tas de noirs plus ou moins profonds. Et bien, des chercheurs ont mis au point un noir qui est tellement profond qu’il absorbe totalement la couleur au point que quand vous regarder une tache de ce noir, vous avez l’impression de voir un trou. Evidemment, je suis certain que vous aller me demander : ça sert à quoi ? La réponse est rapide : à mon avis, à rien. Le bon Amish a acheté le brevet. Dorénavant, il sera le seul à pouvoir se servir de cette couleur. Grâce à elle, il ne devra plus faire l’effort de faire des trous dans ses œuvres pour, à l’instar de Fontana, les percer…il lui suffira de mettre une tâche de son noir absolu. On n’arrête pas le progrès. Evidemment, une tâche de noir absolu n’est pas un trou. Mais on aurait pu lui trouver des applications plutôt drôle si ce faux Amish ne nous avait pas volé la possibilité de nous en servir. J’aurais aimé peindre un rectangle sur un mur et accrocher au dessus « toilettes », juste pour avoir la tête de mes amis, quand se précipitant pour aller au petit coin, il s’écrase sur mon mur. Et bien, dommage, ce sale Amish nous en aura empêché. Mais au fond, comment peut-on breveté une couleur pour en devenir propriétaire ? Je ne vous parle pas des mécanismes légaux. C’est légalement possible. Si vous pensez que c’est débile qu’une quelconque autorité ai permis ça, je suis assez d’accord avec vous…mais il y a tellement de chose débile qu’on doit bien accepté qu’une de plus ou de moins. Tenez, par exemple, pourquoi parle-t-on de la mer morte ? Est-ce qu’elle a été un jour vivante ? Bon, passons. Mais est-ce moralement acceptable ? Moi, ça me pose un problème. Evidemment, je ne mettrai jamais un Tee-Shirt qui me donnerait l’air d’un trou (de balle). Mais après, que va-t-on s’amuser à breveter ? Le blanc blanc ? Le bleu ciel ? Le rose bonbon. Il va devenir difficile de s’habiller ? Et l’étape suivante ? Quand nous n’aurons plus aucune couleur utilisable, nous serons obligé d’aller à poil. Et, sous ces latitudes, nous allons soit nous entretuer puisque la nudité est interdite, soit mourir d’insolation. Et vous ? J’imagine que dans un premier temps, un certain nombre de vous vont trouvé amusant de pouvoir enfin voir vos voisins dans le plus simple appareil…mais attendez octobre et vous rirez moins. Et puis, ce n’est qu’une étape. Après, un autre artiste, privé de toute couleur, puisqu’elles seront toutes brevetées, finira par lui-même breveté le rien…ou le néant. Et si même le rien n’est plus accessible…nous entredévorer ? Même pas puisque le rien en résulterait. Je me demande si finalement il est vraiment notre Amish, ce petit Kapoor-al ?
Sur ce, je vous laisse sur ce qui sera peut être mon dernier post.