25 avril - un sujet au poil
Les poils.
Certains me reprochent de parler de dieu (en tout cas, une au moins). J’ai donc décidé de m’attacher à un autre sujet. Après, il fallait trouver le sujet. Pas celui qui fait polémique. Pas le genre de chose qui donne envie à la moitié de l’humanité de vous occire et à l’autre moitié de vous encenser. J’en dissertais avec mon amoureuse au téléphone quand soudain m’est venue l’illumination : les poils. Quand je le lui ai dit, bizarrement elle m’a fait toute une histoire. « Me parler te fait penser aux poils ! Tu sous entend donc que je serais poilue ? ». Evidemment, non. Ou alors un petit peu quand même mais c’est très inconscient. « Quand je lui faisais remarquer que je parlais des poils en général et non des siens en particulier, la réponse fut « bah, le lien est vite fait ». Bon admettons. Si le sujet la dérange, elle n’a qu’à les raser (et peut-être qu’elle le fait…en fait, j’ai beau créer certains liens d’intimité avec vous, je ne vais quand même pas vous faire des confidences de ce genre). Etrange comme finalement un sujet bien innocent pourrait lui aussi devenir un sujet polémique au fond. Sa remarque acerbe ne pouvait que m’inciter à creuser ce sujet qui semble au fond, pour une partie de l’humanité, aussi important que la question de savoir quel est le bon être suprême ou « A quoi ressemblait la mer morte quand elle était toujours vivante ? ». D’abord, soyons précis. Qu’est-ce que le poil ? Pour essayer de répondre à cette question complexe, je me suis plongé dans la seule source qui m’est disponible ici : wikipedia (non, je ne voyage pas avec le Larousse en 18 volumes. Désolé, de briser un mythe). « Le poil est une production filiforme de l'épiderme, couvrant partiellement ou intégralement la peau des mammifères et dont il est l'une des caractéristiques. Chez les animaux, lorsque la couverture de la peau est complète, on parle de pelage (la fourrure étant elle composée de poils et de peau). Chez l'humain, la pilosité relative au sommet de la tête s'appelle la chevelure et celle concernant le menton est la barbe, enfin celle du menton et du cou est appelée la crinière chez les autres animaux à poils laineux. »Trouvant le définition un peu courte, j’ai consulté la version anglaise de l’encyclopédie anglaise. Et bien, première révélation. Pour les anglais, il n’existe pas de distinction entre les poils, à l’exception de la barbe qui reçoit un statut particulier. Hair désigne les poils ou les cheveux. D’où une autre réflexion. Au fond, pourquoi certains poils mériteraient-ils un statut particulier ? C’est vrai quoi. Un poil est un poil. De quel droit pourrions nous, nous petits francophones, créer des classes sociales de poils alors que pourtant nous privilégions l’absence de privilège en coupant la tête des privilégiés (vous allez me dire qu’on le fait aussi avec les poils) ? N’existe-t-il pas une vilaine discrimination entre les poils ? Passé cette première réflexion très anarchisante (mais ce doit être la proximité de ma récente grève qui me pollue encore l’esprit), j’ai décidé de poursuivre le sujet. Au fond, le poil ne serait-il pas un vecteur de discorde entre les peuples ? Très clairement, oui. Tenez, par exemple, ceux contre qui tous les Européens semblent actuellement se liguer ne sont-ils pas appelés les barbus ? Evidemment, il y a des tas de barbus qui ne sont pas à ranger dans les barbus (moi, par exemple). Je sais c’est difficile à comprendre, mais bon dieu, faites marcher vos neurones. Le problème, c’est que parfois les barbus engagés sont sympa (comme les barbudos pendant la révolution cubaine et parfois moins. Vous iriez faire du camping avec un taliban, vous ?). Mis à part la barbe, les cheveux semblent aussi un clair vecteur de division. Regarder les sikhs et bien, les hindous ne les aiment pas du tout. Je n’ai jamais rien compris à leur antagonisme. Mais eux non plus. Je pense que leurs tensions viennent du fait que ces sikhs n’ont pas le courage de se couper les cheveux. Vous feriez confiance à un type qui a des cheveux de deux mètres de long sous prétexte qu’il n’est pas assez fute-fute pour se servir d’une paire de ciseaux ? Mais la pilosité est aussi très clairement un facteur de division entre les hommes et les femmes. Très clairement, nous ne sommes pas logé à la même enseigne. Pour nous, représentant de la gente masculine, une belle broussaille serait plutôt un signe de franche virilité. Mais chez nos compagnes, le moindre petit poil qui dépasse témoigne d’un clair laisser aller. Pour nous, rien de plus naturel que la très sexy barbe de trois jours. Pour elles, deux millimètres de repousse sur les jambes et directement, quelle honte (je confesse que je suis un tyran sur ce point. Zut, je n’aime pas quand ça gratte…mais je suis un monstre puisque je ne me pose pas la question de savoir si mes jambes que je ne rase pas pourrait la gratter). Même chose pour les aisselles. Les hommes qui se les rasent sont soit des athlètes de haut niveau (et encore), soit gays (je me demande si j’ai bien fait de dire ça. Je vais être taxé d’homophobie. Pourtant, je ne suis pas contre les gays. La preuve, j’ai même un ami homo). Une femme qui ne se rasent pas en dessous des aisselles est franchement très sales. Dans mes soirées perdues dans des hôtels sans âmes d’un Moyen-Orient inondé d’un soleil dardant des rayons cannibales au point que la peau prend vite la carnation du homard du Canada qui aurait été trop cuit par un cuisinier qui aurait été peu assidu pendant ses études, il m’arrive de regarder sur mon ordinateur de vieilles émissions françaises (vous avez vu la lourdeur de la phrase, pas mal, non ?). Il y a deux ou trois semaines, j’en avais visionné une dans laquelle venait témoigner deux jeunes femmes qui avaient décidé de ne plus se raser. Étonnamment, une des deux sortaient clairement de chez le coiffeur. Par contre, en regardant leurs jambes velues et leurs aisselles touffues, j’avoue avoir eu une grimace de dégout. Et Finalement même au sein d’un même groupe, la question pose problème. Chez les hommes, il y a les chauves qui se prennent toujours un coup de soleil en été et les autres qui rient, mais au fond, n’ont qu’une seule peur : perdre leur tignasse. Il apparaît donc clair de le poil divise plus qu’il ne rapproche. Mais alors qu’elle serait la solution définitive à ce problème ? (j’avais commencé à écrire finale, puis je me suis ravisé. C’est étonnant, comme solution et finale s’accordent mal) Et bien, il n’y en a pas. Alors, arrêtez comme moi de vous focaliser sur les poils. Je ne sais pas, moi, il y a des choses plus importantes dans la vie. Dieu, par exemple.