les posts d'Iban

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24 avril - post où il est question de philosophie

Une véritable réflexion plutôt philosophique…du moins à ma sauce.

A force d’écrire des posts que je voudrais drôle, j’ai fini par me poser des questions existentielles. Elles m’apparaissent d’autant plus pertinentes que je passe quand même une bonne part de mon temps dans les pays arabes.

Peut-on rire de tout ?

Vaste question que d’autres ont déjà rencontrée. Mais ici, la réponse est simple : oui.

Allons plus loin, voulez-vous : Peut-on rire de tout avec tout le monde ?

A nouveau, la réponse n’est pas compliquée : oui.

Bon évidemment, après vous êtes mort et donc vous riez moins, voir pas du tout.

Ces questions capitales (comme la peine qui va avec dans certains pays où, justement on ne rigole pas), me sont venues après une longue discussion avec un ami français musulman. Un chouette gars. Ouvert, franc (parfois trop). Mais bon, il faut bien l’avouer, pas un type super marrant (heureusement, il ne fait pas partie de mes amis facebook et donc ne lira pas ce que j’écris sur lui). Ces qualités, et elles sont nombreuses, sont ailleurs. Je lui ai adressé un de mes posts où je pensais aller un peu loin avec dieu… il m’a rappelé dans le quart d’heure : « tu ne peux pas raconter ça ! ». Je ne pouvais pas me contenter de cette remarque péremptoire. J’ai donc cherché à comprendre. Je vais vous résumer rapidement notre conversation. Dans l’islam, on ne touche pas à l’image de dieu. Point final. Bon, vous allez me dire que j’ai un véritable don pour résumer une conversation d’une demi heure en douze mots. Mais difficile de le faire autrement. Le raisonnement n’était pas très construit. Juste ces douze mots en forme de couperet. Je ne me moque pas de dieu et je ne parle jamais de l’Islam. Vous l’avez tous compris. Je dois bien avouer que l’image de Dieu n’est pour moi pas facile à appréhender. A priori, il est plutôt barbu et vieux (comme Karl Marx ou les ZZ Top). Et il habite quelque part dans le ciel…mais super loin, sinon ça fait longtemps que le télescope Hubble l’aurait repéré. Mis à part ça, je n’en ai pas une image bien précise. J’imagine que comme nous tous, il adore regarder Patrick Sébastien le samedi soir (comme nous tous, sauf moi), qu’il se poile en voyant les monty pithons sur youtube et qu’il ne se rase pas le dimanche (mais de toute façon, il ne se rase pas du tout). Je me suis donc dit que je pourrais imaginer une semaine type de dieu. Je précise que ma semaine type ne concerne que le dieu des chrétiens et qu’il ne s’agit que d’une démarche qui se veut humoristique. Tout ce que je vais raconter ne reflète donc pas forcément le fond profond de mes pensées (et dieu sait, et rien que lui, si ma pensée est profonde….puisqu’il a probablement lu mon prochain roman à paraître) et ne concerne en rien Allah.

Lundi matin, 7 heures. Une nouvelle semaine commence. Dieu râle. Le lundi matin, tout le monde râle, c’est normal. En plus, il a mal dormi. Il n’a pas tout de suite trouvé le sommeil. Des réunions compliquées qui vont se succéder dans la journée. A Genève, on négocie pour savoir si on va continuer à s’égorger en Syrie. A Koweït, on négocie pour savoir si on va continuer à s’égorger au Yémen. A Jérusalem, on discute pour savoir si on irait pas un peu égorger à Gaza. A Washington et à Moscou, on négocie pour s’avoir où on ira égorger la prochaine fois. Dieu en a marre. Il aurait mieux fait de se casser une jambe, le jour où il a laissé inventer la guerre. 14h. Dieu en a assez. Les discussions n’avancent pas. Il décide de se retirer. Il ne se sent pas très bien. Il couve quelque chose. Un bon bol de soupe, et il se mettra au lit et suivra l’avancée des discussions sur CNN. Mardi 7 heures. Dieu va mieux. Une bonne nuit de sommeil l’a remis sur pied. Dieu se sent même plutôt d’assez bonne humeur. On lui apporte son café…zut, il y a une plume qui y flotte. Dieu se demande pourquoi il a doté les anges d’ailes. Ce matin, pour Dieu, inauguration d’une crèche pour enfants morts nés (je sais c’est glauque, si certains sont choqués, passez à mercredi). Dieu aime bien les enfants. Même les enfants morts nés (ce qui est assez logique puisque dans son univers, des enfants vivants, il n’y en a pas des masses). Dieu a décidé de s’octroyer une après-midi de congé. De toute façon, avec lui ou sans lui, à Genève, à Koweït ou à Jérusalem, les négociations piétinent.

Mercredi. Dieu aime le mercredi. Mercredi c’est ravioli. Je sais, Dieu est un peu intoxiqué par la publicité. Et alors, pourquoi pas ? C’est encore le droit pour Dieu d’aimer la nuit des publivores.  Aujourd’hui, pour Dieu, inauguration du nouveau jardin d’Eden. Dieu a voulu que ce jardin soit plus écologique que le précédent. Il a fait en sorte de bannir les pesticides. On ne badine pas avec l’écologie du ciel.

Jeudi. Dieu préside le conseil d’administration de « Ciel and co ». Dieu est devenu moderne. Il croit très fort au technique managériale. Aujourd’hui, le sujet est épineux. Comment redonner une nouvelle image de l’église pour y attirer les croyants. Il est vrai que les églises se vident. Certains autour de la table avaient très fort cru dans cette histoire de curés pédophiles. L’essentiel n’était-il pas de faire parler de soi, même en mal. Dieu est très en colère. La campagne marketing a été un échec. Le taux d’écoute dans les églises a encore diminué de deux points.

Vendredi. Dieu pense à ce qu’il va faire le week-end. Il est distrait. Il se demande s’il n’irait pas faire un petit tour sur la terre incognito. Il hésite encore sur la destination. Il irait bien en Italie, visiter un vieil ami facebook qui habite à Rome, mais depuis que Dieu a lu certains de ces messages, il hésite un peu. Finalement, Dieu se dit que plutôt que se casser les méninges, il prendra la première navette qui passe.

Samedi. Dieu est vraiment très contrarié. Il y a grève des aiguilleurs du ciel. Son week-end tombe à l’eau. En plus, il pleut. Dieu décide donc de rentrer chez lui. Sur le chemin du retour, Dieu s’arrête au marché et s’achète un kilo de cerises. Le prix a encore augmenté cette année. Dieu se dit qu’il aurait mieux fait de ne pas non plus laisser l’homme inventer l’argent. Au début, l’idée lui avait parut amusante. Au moins, grâce à l’argent on avait pu inventer le Monopoly. Et Dieu aime jouer au Monopoly. Mais maintenant, face à ces cerises qui coutent un bras, le bras de Dieu, il maugrée. Dimanche. Dieu a fait la grasse matinée. Dieu a un gros avantage sur tous les autres. Il ne va pas à la messe. Il ne va pas quand même aller se prier lui-même. Il pleut toujours. Dieu se dit qu’il resterait bien chez lui à lire un bon livre. Tiens au fait, il a reçu un manuscrit d’un auteur belge qui s’amuse à parler de lui sur Facebook. Dieu se dit que ce serait une bonne idée de se plonger dans ce bouquin. 23 heures. Dieu a fini la dernière page. Il se dit que ce bon bouquin, il pourrait le recommander à quelques un de ses amis.

Au fond, vous avez compris que dans mon esprit, Dieu est un homme simple et bienveillant. Je suis sûr qu’avec lui on peut rire de tout. Mais ne devrait-on pas pouvoir rire de tout avec tous, sans avoir peur d’être frappé d’anathème ?

Tout croyant censé et intelligent, qui a intégré le message de Dieu, devrait l’avoir compris. Les incroyants aussi. L’aptitude au rire ne doit pas être limitée par des croyances ou des convictions. La personne de dieu est sacrée, pas les mots qui le décrivent.

Sur ce, nous sommes dimanche, et, me trouvant dans un pays arabe, je ne peux pas faire la grasse matinée, moi. Ni aller à la messe. Mais de toute façon, je n’y vais pas. Donc, au boulot.



24/04/2016
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