23 avril - un post qui est la suite du précédent
Rupture de grève.
Je suis un peu comme les syndicats belges. Je gueule beaucoup mais au fond, je ne fais pas grand chose (c’est un secret entre nous). J’ai décidé de façon unilatérale de suspendre la grève. Mes revendications ont toutes été rencontrées. Non, je ne suis pas chiant dans mes romans. Enfin pas plus que Dieu (le Dieu dans la représentation des Chrétiens, je précise). Bon, je sais, ce n’est pas une référence mais finalement m’assimiler à l’être suprême, le grand architecte de l’univers, celui qui voit tout et n’en a rien à battre, n’est pas si mal (pour mes amis musulmans qui sont nombreux et dont je respecte à ce point la religion que je pense qu’il n’est pas impossible que je l’embrasse un jour, je rappelle que je ne me permettrais pas de parler de la sorte d’Allah. Je sais qu’ils sont chatouilleux concernant certains sujets. Ici, il ne s’agit que d’humour). Bref, j’ai décidé de me remettre à l’ouvrage. Je suppose que comme tout le monde (enfin, du moins dans l’hémisphère nord), vous vous êtes demandés ce que j’avais fait pendant cette grève ? Je vous mentirais, si je vous disais que j’ai fait un piquet. Un piquet de grève où d’ailleurs ? Dans le désert ? En plus, un de mes amis m’a dit qu’il y aurait un tigre qui trainerait justement dans le coin (ce n’est pas un gag. Par contre, se faire bouffer dans le désert par un tigre, alors que je fais la grève tout seul, pourrait être une fin plutôt amusante). Devant mon ordinateur, alors ? Non. En allumant un feu à l’aide de palettes ? Pas plus. Je ne vous dirais pas la vérité, si je vous disais que j’ai défilé avec une pancarte avant de prononcer un discours qui commence par « camarade ». Non, tout simplement, j’ai décidé de ne pas écrire et d’aller marcher. Etrange envie que celle qui consiste à 7 heures du soir à vouloir sortir pour se promener. Je ne vous ai pas dit. Le temps s’est largement radouci. Disons qu’il fait un petit 40 le jour et sans doute un petit 30 à 7 heures du soir. En d’autres mots, je ne sors presque plus ma petite laine. J’avais un objectif très ambitieux. Je m’étais dit : allons jusqu’à la corniche de Doha voir la mer. De chez mon Sheikh, je peux voir les tours qui s’y trouvent. Ce ne doit pas être loin. Comme je suis un peu réfléchi, j’avais regardé sur une carte et il n’y avait que 6 kilomètres (6 kms 457 pour être précis). Je crois vous avoir déjà dit que Doha est un endroit dangereux pour les piétons. Comme je n’ai pas envie de finir écraser, j’ai entrepris de foncer à travers tout. Drôle de ville que Doha. Un mélange de constructions très modernes dans l’hyper centre, une couronne de trucs anciens, mais en voie de démolition complète (ici on ne rigole pas. On détruit l’ancien par hectare entier), puis une plus vaste couronne de compound et de villas et, entre les compounds et les villas, de grands bouts de désert. C’est justement en cheminant entre ces bouts de déserts et de villas, que j’avais l’intention d’aller voir la mer (au moins comme ça, j’étais moins exposé aux fous du volant). Le problème, j’avais très envie de parler à mon amoureuse (j’ai un truc pour ceux qui ne veulent pas exploser leur forfait à l’étranger. Acheter une carte 4G locale, ça ne coute rien et vous pouvez téléphoner des heures via un application...J’ai moi-même plein de numéros de plein de pays. Et faites comme moi, prenez vous un téléphone à double sim. Si ça intéresse quelqu’un je ramène à celui qui le demande un Samsung grand plus one. Prix à Doha, une centaine d’euros…en Europe, 180). Bon, où en étais-je ? Ah oui, mon amoureuse. J’ai découvert une chose. Il ne faut jamais badiner pendant qu’on marche. En fait, je me suis perdu. Bêtement perdu. Je pense avoir marché rapidement dans la direction opposée à la mer. Moralité, après deux heures, je me suis décidé à regarder sur mon gps…j’étais loin d’être arrivé…puisque cette fois, j’étais à 17 kms de la mer. J’ai donc revu mes ambitions. J’ai visé un mall proche de chez moi en me disant que je pourrais au passage m’avaler un hamburger vite fait. J’ai marché une heure et demie. J’ai rallumé mon GPS. J’étais encore plus loin. J’ai visé dans le lointain une tente. On y organisait un mariage. Les mariages au Qatar sont sans rapport avec les nôtres. Imaginez un groupe de centaines de types en blanc, dans une grande tente garnie de tapis, qui viennent se serrer la main et boire un café (il n’y a évidemment pas de femme). Quand vous êtes invités, une petite descente de cinq minutes suffit. Juste le temps d’embrasser le père du marié, de boire un mauvais café jaune et basta. Petit conseil. Ne jamais y aller à l’heure de la prière. Là, vous risquez de devoir patienter un long moment, le temps qu’ils aient fini. Bon, mon mariage alors ? Je me suis dit que je pourrais m’y faufiler. C’est souvent assez facile. Comme tout le monde est invité, finalement personne ne sait qui peut venir ou non. J’avais tapé un peu haut, je pense. Un mariage avec plusieurs écrans géants, une tente super luxe et une énorme collection de Rolls…ça devait être un membre de la famille de l’Emir. Je me suis fait jeter. Pas étonnant. En jeans, avec un tee-shirt en ayant l’air d’avoir séjourné 40 jours au désert, ça ne le fait pas (tiens, 40 jours au désert, ça me fait penser à quelqu’un. Mais je ne vois pas du tout qui). J’ai donc repris mon périple et là, miracle, alors qu’après une demi heure, je m’étais assis au bord d’une route, bien décidé à ne plus bouger et à attendre que la mort me saisisse, une voiture s’est arrêtée. Et dix minutes après, j’étais devant un fabuleux « double whooper burger ». Après cette aventure, j’en suis arrivé à me poser une question : la grève ne serait-elle pas dangereuse ? Je pense que je vais demander l’asile politique dans un pays où ils l’ont interdite pour ma sécurité. J’hésite encore : la Corée du Nord ou la Somalie. Réponse dans un prochain post.