21 avril - post sur les petits soucis quotidiens
Petite chronique d’une banalité à pleurer.
A force de narrer des aventures exotiques, tout le monde va finir par croire que j’ai une vie extraordinaire. Détrompez-vous. Elle est d’une banalité d’avant dernière page d’un magazine féminin. Celle de l’horoscope. J’ai donc, pour une fois, décidé de rompre ce cercle infernal de surenchère d’anecdotes croustillantes, pour me consacrer à un petit souci quotidien. Ce genre de petit problème qu’on rencontre tous, un jour dans la vie. Donc, pour une fois, pas question de qataris dézingués, de libyens dés-or-ientés, de l’argent pour mes causes humanitaires ou d’histoire de bronz-és (c’est fou comme avec un peu d’imagination on parvient à glisser quatre métaux dans la même phrase…j’avoue, je ne me suis pas attaqué au difficile à placer palladium). Non, pour une fois, il sera bêtement question de douche. Avez-vous déjà remarqué comme les flexibles de douches sont vicieux. Quand vous les décrochez et les raccrochez plusieurs fois, ils ont toujours tendance à s’enrouler. Je soupçonne l’inventeur du téléphone d’avoir aussi participé à la création de ce dispositif. Oui, vous l’aviez aussi remarqué ? Le fil du téléphone fini toujours par s’entortiller. Je trouve ça plutôt affligeant. Depuis 100 ans, on est parvenu à envoyer des hommes sur la lune, à traverser la manche en avion, à atteindre le sommet de l’Everest, à inventer le Hula Hoop (pour ceux qui ont 3 minutes à perdre, je les invite à replacer ces moments clés de notre évolution dans un ordre chronologique), mais personne n’a été foutu de trouver une solution pour le fil du téléphone. Pourtant, je vous assure que c’est le genre d’invention qui pourrait changer notre quotidien (bon, évidemment, vous avez tous un portable et le fixe est voué à disparaître, tout comme les dinosaures ont disparu…et alors, vous pensez vraiment que ça se fera à l’échelle de votre vie ?). Pour revenir à nos moutons, dans mon quotidien qatari, d’une banalité de salle de gare suisse, je suis confronté à un flexible de douche vicieux. A force de s’enrouler sur lui même, il a fini par se déchirer. Je sais, vous auriez envie de dire : bien fait pour lui. Je pourrais avoir le même réflexe que vous, si cette malencontreuse fuite n’avait pour conséquence que l’eau, au lieu de s’écouler par le pommeau, sort en jet par le côté. J’ai donc pris mon courage à deux mains pour me rendre dans un magasin afin de faire l’acquisition d’un nouveau flexible (Maréa : prix 14 QR soit 3,5 €). Je suis revenu avec ce truc mais big problème : il n’y a pas d’outil. Je suis reparti dans le même magasin…mais rebig problème : il n’y a pas de clef adaptée. Donc, l’objet n’a toujours pas été monté. J’ai migré vers une autre salle de bain. Ca tombe bien, c’est celle qui est attenante à ma chambre. Elle est exactement la même que l’autre à un tout petit détail près….mais il est de taille. Il n’y a pas d’eau chaude. Voilà 8 jours que je me douche à l’eau froide. Je me demande quel crétin a cru pouvoir dire que c’était bon pour la peau. Franchement, si c’était bon pour quelque chose, ça fait longtemps qu’on y serait tous passés. Tenez, par exemple, mes réfugiés, ils se douchent à l’eau froide. Vous pensez qu’ils ont bonne mine, franchement ? Il est donc temps que je rentre…d’autant que, pour l’avoir expérimenté l’an dernier, d’ici deux mois, les douches froides auront un gros défaut…elles seront trop chaudes. Je m’explique (avant que vous ne pensiez que je suis devenu fada). Les maisons au Qatar sont alimentées par de grosses citernes blanches situées en extérieur. En été, quand le soleil tape de façon insupportable, la température de l’eau qui s’y trouve dépasse parfois les 60°…et pas moyen évidemment, de la refroidir en la mélangeant à de l’eau froide puisque c’est déjà de l’eau froide. Quand on a la chance d’avoir un chauffe-eau, le meilleur moyen en été de refroidir son eau froide, est d’y verser de l’eau chaude (si vous n’avez pas tout compris, recommencez vers le milieu). Dans le précédent appartement que je squattais, le chauffe-eau était coupé en été. Grave erreur. Il était presque impossible de prendre une douche. Vous pouviez vous évertuer à tourner la manette dans n’importe quel sens, l’eau qui sortait était toujours bouillante. Je crains fort que ce soit la même chose ici. Vous voyez que mon quotidien n’est pas toujours fait de choses extraordinaires.