1er mai - les majlis
J’ai testé pour vous - la suite.
J’ai testé pour vous les majlis. Je sais que dans mes posts, ce genre de mots reviens de temps en temps. Un de vous m’a demandé : « mais c’est quoi ce majlis ? ». Bonne question, en effet. Je suis sûr que vous êtes nombreux à vous la poser sans oser le demander. Je vais donc m’efforcer de vous répondre. Première remarque, le mot est bien « majlis » et non pas « mage lisse ». Il n’est donc pas question d’un quelconque devin qui aurait subit le supplice de la planche à repasser. Ne me demandez pas l’étymologie. C’est un mot arabe. Donc, pas moyen de lui trouver une racine grecque ou latine. Mais à la limite, ça vous servirait à quoi ? Pour résumer quelque chose de plus long à expliquer, je dirais qu’un majlis est une réunion où il n’y a que des hommes en robe qui ne sont ni écossais ni homo, qui se voient pour parler de rien et surtout de tout, boire du café jaune et manger des dattes….c’est en super résumé parce que c’est ça et bien plus que ça. En réalité, les qataris contrairement à nous européens, ne restent pas le soir vautrés devant leur télévision à regarder des niaiseries avec bobonne à leur côté (et puis bobonne chez eux s’écrit au pluriel). Il faut dire que si chez nous les programmes à la télévision sont assez nuls, ici c’est pire. Je vous jure que c’est possible. Mais avant de venir ici la première fois, j’étais comme vous persuadé qu’on ne pouvait pas faire pire que chez nous. Bref, plutôt que de se vautrer devant la télé chez eux, ils se vautrent ailleurs et entre hommes devant la télé. En gros, les qataris, dès qu’ils ont un peu d’argent se construisent une pièce (ou plusieurs) destinées à leur réunion du soir entre amis ou affidés. Les majlis sont parfois liés à une tribu. Et oui, les tribus ici continuent d’exister. Vous avez au Qatar quelques grosses tribus, les Al-Thani (c’est celle de l’Emir), les Al-Khalifa (c’est la même que celle du Roi du Bahreïn), les Al-Marsi, les Al-Suweiti, les Al-Kuwairi et j’en oublie sans doute quelques-unes. Ces tribus ne vivent plus dans des tentes mais dans des palais…et bien souvent, plutôt dans des complexes de palais puisque tout le monde vis à côté de ses proches. Il n’en reste pas moins que la dimension de tribu reste importante et que, même si les liens se créent entre tribus à travers des mariages, il existe des jeux subtils de répartition du pouvoir entre les tribus (mais mon explications s’arrêtera là…le sujet est trop sensible pour être discuté). En gros, un majlis se présente toujours de la même façon. Vous devez avoir au moins une grande pièce carrée en forme de tente (c’en est une d’ailleurs assez souvent). Bon évidemment, c’est une tente climatisée, avec au sol des tapis d’orient, et tout autour de la pièce des canapés confortable (parfois, les canapés sont remplacés par des fauteuils individuels dorés). En règle générale quand on arrive, après s’être déchaussé, on fait le tour de ceux qui sont déjà là. On serre la main de certain, on en embrasse d’autres (trois fois sur la même joue, ou alors sur le front ou le nez selon l’importance de la personne ou son âge). Ensuite on s’assied (mais si vous vous asseyez par terre ou même si vous vous couchez par terre personne ne se formalisera) et arrive le serviteur (pour les plus chics se sont des omanais mais souvent des indiens). Le serviteur vous offre d’abord une petite tasse de café jaune et vous ressert tant que vous n’agitez pas votre tasse de droite à gauche. Je reprécise : le café est jaune. C’est une espèce de lavasse qui n’a de café que le nom. Vient ensuite le plateau avec les dattes…puis le thé noir ou jaune…parfois arrive le lait de chameau. On se met ensuite à discuter de tout et de rien, mais le sujet principal semble être la politique…et moi. Bien oui, des européens dans ces majlis on en voit jamais. Donc, je suis souvent un peu l’attraction. Comme je vais souvent dans les mêmes, l’effet finit par s’estomper. Généralement, dans un coin du majlis une télé sans le son est branchée sur Al Jazeera (en règle général, ils aiment assez le modèle 4 mètres de large). Parfois, on passe à table. Enfin, l’expression est mal placée. Puisqu’on mange souvent par terre. Au milieu de la nappe, se trouve un grand plat avec un mouton farci et une montage de riz. Se trouve d’autres plats plus petits contenant de la salade, de l’houmous , des pois chiches….on attrape avec la main droite en essayant d’enfourner sans en mettre partout. Dans certains majlis qu’il m’arrive de fréquenter, on s’est mis un peu à l’occidentale (mais ce sont les majlis des gens les plus riches…pour faire simple, disons que ceux qui y vont arrivent en Rolls, en Ferrari ou en Maybach). On mange à une grande table avec des couverts et une assiette individuelle. Il n’y a jamais de couteau….et en fait, tout le monde s’en fout puisque les couverts peu les utilisent. C’est tellement plus drôle de pouvoir mettre sa main dans l’assiette. Après le repas, on se lave heureusement les mains (les deux, tant qu’à faire même si une seule à servi) et on choisi dans la collection de parfum de luxe celui dont on s’aspergera copieusement….les mains. Ensuite, on s’assied auprès d’un grand feu en hiver ou sous une autre tente climatisée en été pour continuer à deviser. J’avais juste envie aujourd’hui de vous faire un post de nature ethnographique. Pas trop d’humour donc. Je l’ai écrit un vendredi..soit un dimanche pour vous. Moi aussi j’ai le droit, parfois de mettre mon cerveau au repos. Mais demain, je reviens avec une nouvelle aventure croustillante.