19 avril - la lampe à pipi. Pas de commentaire non plus.
La lampe à pipi.
Je sais, ce n’est pas un titre super glamour. Je n’en disconviens pas. Dans cette nouvelle vie, il m’arrive de faire des choses inattendues. Expliquer à un groupe de personnes comment construire des toilettes à peu de frais. Comment organiser des douches dans un camp de réfugiés….que des trucs totalement sans intérêt pour mes fidèles lecteurs (c’est un clin d’œil à quelqu’un qui m’avait demandé de glisser la phrase, il se reconnaitra), mais tellement utile quand on est dans la merde (surtout les toilettes, d’ailleurs). C’est fou ce que de petits détails pour nous peuvent avoir une grande importance dans certaines circonstances. Tenez, prenez la nourriture. Si vous avez un creux au milieu de la nuit, vous descendez dans votre frigo pour attraper un truc. Votre grand soucis est alors : « ne suis-je pas en train d’être déraisonnable ? Ma balance va-t-elle s’en souvenir ? ». Et bien, dans le monde que je fréquente, ce genre de question ne se pose pas…ou plutôt pas dans ces termes. D’abord, il n’y a pas de frigo. Puis, il n’y a pas d’étage, donc de toute façon, on ne descend pas dans le frigo qu’on a pas. Puis souvent, de toute façon, il n’y a rien à manger. Enfin, pas grand chose. La question existentielle de la nuit, quand la faim vous tire de votre sommeil, serait plutôt « vais-je pouvoir donner à crouter à mes enfants demain ? ». Je sais, aujourd’hui, je suis casse moral. Mais bon, je vais redevenir léger. Saviez-vous que les toilettes sont un endroit dangereux ? Tout de suite, il y en aura un qui aura envie de répondre : « oui, un jour quand j’étais bourré, je me suis cassé une dent en voulant y aller ». Ce n’est pas totalement faux. Mais, je ne parlais pas de votre petit quotidien d’européens nantis qui s’essuient le fondement avec du moltonel épaisseur triple. Je parle du quotidien des réfugiés dans les camps. Les besoins nocturnes sont dangereux dans un camp de réfugiés. D’abord, il faut sortir de la tente….et allez trouver l’ouverture d’une tente bondée dans le noir ? Ensuite, il faut parcourir toujours dans le noir le camp pour se rendre au petit coin (qui parfois, est rond…vous aurez noté le problème sémantique). Et là, c’est le lieu de tous les dangers. Aucun risque de tomber sur la cuvette…souvent, il n’y en a pas. Le risque le moindre est l’effondrement du sol et la chute dans la fosse. Et là, clairement, vous êtes dans le caca. Mais surtout, vous risquez de vous faire agresser, violer ou les deux (en réalité, il est difficile d’être violé sans être agressé…à priori en tout cas, puisque je n’ai jamais été violé). Bref, la solution serait d’apporter la lumière. Je vous défie d’appeler un opérateur belge pour lui demander de tire une ligne au milieu d’un camp en Syrie, en Iraq ou au Yémen. Vous pouvez essayer…mais les petites pilules bleues ne sont pas loin. Bref, je cherche une solution à ce problème bien ennuyeux. Et soudain, a surgit la pile à pipi. Des anglais (il n’y a qu’eux pour inventer ce genre de truc), on mit au point une pile contenant des bactéries produisant de l’électricité. Ces petits gloutons se nourrissent d’urine humaine (enfin, peut être que ça marche aussi avec l’urine de vache, de gnou ou de pangolin, je n’en sais rien). Après, par un mécanisme mystérieux pour moi, ces petites merveilles de la nature produisent suffisant de courant pour alimenter une ampoule électrique. Les anglais ont testé leurs piles à pipi, dans les toilettes d’un cercle d’étudiants et ça marche. Il faut dire qu’avec tout ce que ces brittons absorbent comme bière (et rejettent ensuite), les bactéries doivent souffrir d’une forme rare d’obésité. Bref, je m’en vais prochainement faire un saut outre manche pour m’acquérir un de ses petits bijoux de technologie...et je l’installerai d’abord chez moi. Je couperai toutes les ampoules dans ce lieu d’aisance sauf une qui sera raccordée au dispositif…et j’attendrai avec un plaisir non feint d’entendre le cri de surprise de mes invités qui soulageant un besoin naturel verront les lieux s’illuminer…de blanc, si ils sont en pleine forme, de gris, si ils souffrent de calcul rénaux ou de rouge, si ils ont une cystite hémorragique (je m’étais promis que dans ce post, je resterais parfaitement propre).